Garder sa vitalité en période de transition

Selon Chrysoline Brabant*, la façon dont on promeut le lâcher prise aujourd’hui est discutable. On conseille parfois aux personnes de lâcher prise pour diminuer leur stress. Elle évoque certains cas dans lesquels il est important de bien s’accrocher à certains fondamentaux pour garder sa stabilité et son équilibre en cas de turbulence.

Une transition est un temps privilégié pour se rappeler de ses convictions. Et de se poser les bonnes questions : Pourquoi suis-je là ? A quoi est-ce que je contribue ? Quels sont les trois moments clés de mon parcours professionnel qui m’ont donné le plus de joie ?

Se recentrer sur l’inouï de sa mission : la personne que j’accueille par exemple. Les pépites que j’accompagne. Quels sont les êtres ou les organismes que j’aide à mieux vivre ou à survivre ?

Pour Céline Conte**, une crise est l’occasion de s’interroger sur ses valeurs personnelles et professionnelles et de construire sa propre échelle. L’identification de ces valeurs permet de vérifier son alignement avec celles de son poste. Ce type d’autodiagnostic est souvent proposé dans les formations Arrc.

Pour Céline Conte, quand le changement a été imposé, il n’est obligatoire de le subir. La formule « être acteur du changement » si souvent entendue, signifie en réalité trouver dans quelle mesure influer sur les nouvelles orientations pour qu’elles fassent toujours sens à ses yeux. Le grand psychiatre Victor Frankl disait dans son livre « Découvrir un sens à sa vie » « quand on un pourquoi, on accepte tous les comment ».

Pour Chrysoline Brabant, tout l’enjeu consiste à faire face à la réalité pour discerner ce qui est bon en soi, pour soi ; de ce qui l’est moins. Et étudier ce qui motive réellement ces changements. Quel est le bénéfice de ce changement ? Qui l’a initié ? Où puis-je trouver les infos ? Comment puis-je me former pour faire face ou quitter le navire ?

Chrysoline Brabant entend beaucoup de jeunes professionnels se plaindre d’être fatigués, et certaines fatigues sont bien légitimes. En reflet, elle évoque une autre piste « la bonne fatigue ». En effet, Robert Lamoureux, dans son magnifique texte « éloge de la fatigue » invite à changer sa perception : « On n’est jamais aussi fatigué qu’on le croit ! Et quand cela serait, n’en a-t-on pas le droit ? » dans lequel il revalorise la bonne fatigue comme symptôme d’un effort réalisé et satisfaisant.

Au cœur des changements, plusieurs sortes de deuils sont traversés. La courbe du deuil d’Elisabeth Kubler Ross peut nous apporter quelques lueurs. Chacun traverse les étapes à sa façon avec son histoire passée, présente et à venir.

Selon Céline Conte, la fatigue est multifactorielle. Il existe une fatigue décisionnelle liée notamment aux sursollicitations numériques. Chronique et intense, elle peut mener à un burn-out numérique. En cas de symptômes de fatigue, une solution consiste à se recharger par une discussion avec une personne dynamique. Le psychologue Csikszentmihalyi souligne les vertus des relations positives appelées « optimales », qui comprennent un investissement réciproque dans les objectifs de l’autre. Il souligne aussi l’importance de garder un équilibre entre des périodes de solitude et d’interactions. Rien de tel que quelques moments en tête à tête avec soi pour retrouver ses forces internes.

Les changements successifs demandent un déploiement accru d’énergie en fonction des efforts d’adaptation qu’ils nécessitent. Pour éviter l’épuisement, il peut être judicieux de se rattacher à l’essentiel de sa fonction.

Comprendre le sens du changement aide à mieux surfer sur sa vague.

Enfin, il n’est pas nécessaire de lutter contre la fatigue mais de l’écouter pour mieux l’apprivoiser.